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THE DARK KNIGHT RISES : L’AFFRONTEMENT DES HEROS

 

« There’s a storm coming ». Ces quelques mots, que prononce la jeune et séduisante Selina Kyle, annoncent à Bruce Wayne la menace qui inexorablement se rapproche de Gotham. Du roman graphique The Dark Knight returns écrit par l’auteur reconnu Frank Miller, le film des frères Nolan récupère le personnage du héros, alors que ce dernier a perdu depuis longtemps son masque de superhéros. Les traits fatigués, la mine pitoyable, Bruce Wayne ne peut plus se déplacer qu’avec une canne. Depuis cette nuit, huit années plus tôt, où Batman, pour sauver Gotham city du mal qui la gangrénait, s’est accusé de la mort d’Harvey Dent, alias Double-Face, le héros a reposé sa cape et son masque de chevalier de la nuit.

Gotham, cette ville resplendissant de milles feux, baigne depuis lors dans un mélange de sérénité et de décadence. Bien loin de l’esthétique de Tim Burton, qui s’était alors imprégné de Pop culture, d’art gothique, et d’expressionisme allemand pour bâtir une mégalopole à l’image des bas-fonds new- yorkais des années 70-80, la ville que dresse les Nolan est une ville moderne du XXIème siècle aux couleurs d’un capitalisme triomphant. Malheureusement, la chute du stade, puis l’effondrement de la ville, renvoie Gotham aux rangs des villes actuelles : les décombres d’un système obsolète, la paranoïa et la psychose du monde occidental à l’égard des catastrophes, aussi bien nucléaires et chimiques, que naturelles.

 


Mais un ennemi se profile à l’horizon, Bane. Une espèce de monstre à la force écrasante et brutale, portant sans cesse un énorme masque métallique qui lui enserre le crâne. Le mal et la puissance à l’état pur, Bane est le reflet d’un avenir toujours plus sombre et ténébreux. Et la marque la plus imposante de sa puissance et de son charisme de révolutionnaire est l’implosion de Gotham City, scène terrifiante qui s’impose de manière durable dans tous les esprits. Tom Hardy se plaira lui-même à décrire le personnage qu’il interprète : « Bane est une machine de destruction, c’est un mec imposant, clinique, qui cherche le carnage. C’est un terroriste qui fracasse les crânes […], détache les têtes, arrache les colonnes vertébrales ». Le terme de « terroriste » est le résumé de l’obsession parcourant l’ensemble de l’œuvre de Nolan, imprégnée dans ses moindres fibres par le trauma laissé par le 11 septembre 2001.

 


Seul, le héros ne pourra alors que compter sur ses alliés, qui composent une fresque monumentale où aucun personnage ne manquent : d’Alfred (brillamment interprété par Michael Caine), le fidèle et loyal majordome, ainsi que le tuteur de Bruce Wayne ; James Gordon (Gary Oldam), commissaire hors norme et héros de guerre, mais qui reste cependant conscient des limites du système judiciaire ; Fox (Morgan Freeman), mystérieux patron de la Fondation Wayne et deuxième confident de l’identité de Batman ; à Foley (Matthew Modine), flic ambitieux mais peu efficace. Batman sera cette fois rejoint par deux autres personnages, deux nouveaux venus. Le premier est le jeune inspecteur Blake (Joseph Gordon-Levitt, tout simplement excellent), orphelin élevé au sein de la Fondation Wayne, devenu brillant détective (à tel point qu’il en déduit l’identité de Batman), inspecteur incroyable donc, mais également Robin en puissance. Le second personnage est la séduisante Selina Kyle, Catwoman moderne, énergique et sexy (magnifique Anne Hathaway, vêtue d’une délicieuse combinaison latex/ cuir), mais également alter/ego de Batgirl, en fonçant au volant de sa bat-mobile en plein cœur de la guerre civile.

 

 

 


C’est donc aidé d’un grand renfort d’alliés que Batman part affronter Bane. Dans l’un de ses romans graphiques, Frank Miller déclarait : « le héros noir est un chevalier dans une armure de sang séché. Il est sale, et à longueur de temps, il nie de toutes ses forces être un héros. » Cette citation suffit à elle seule à résumer l’enjeu principal du retour du Chevalier Noir, à savoir, l’attente de la société d’un sacrifice total et d’un don de soi de la part du héros.

Christopher et Jonathan Nolan signent ici plus que la simple fin d’une genèse de Batman, lancée par « Batman Begins » (2005), et poursuivie par « The Dark Knight » (2008), avec ce dernier opus : ce film marque la fin d’une génération de cinéastes profondément marqués par le 11 septembre, mais également la fin des superhéros ambivalents (qu’enterrent aujourd’hui « Green Lantern », « The Avengers » et les autres films adaptés de Marvel). Oui, « The Dark Knight rises » marque la fin des doutes et de la peur.

 

« There’s a storm coming ».

 

 

  

 


 

 



10/08/2012
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