Coin du jour

Starbuck ou Récit d’une très grande famille

 

Il y a quelques jours, je suis allé avec un ami assister à la représentation d’un film, « Starbuck » du cinéaste québécois Ken Scott. L’idée nous avait tous deux séduit.

David Wozniak, surnommé Starbuck, éternel adolescent de 42 ans mais qui refuse de l’admettre, traîne ses tee-shirts usés et son dilettantisme dans les rues de Montréal. Il bosse dans la boucherie familiale et refuse obstinément toute forme d’engagement. Autre caractéristique de son quotidien : il est poursuivi par des gangsters auxquels il doit la modique somme de 80.000 $.

Un jour, surprise : il découvre que son ancien statut de donneur de sperme l’a conduit à être le géniteur de 533 enfants. Et sur ces 533 enfants, 142 de ses descendants tentent de forcer la clinique de fertilité à révéler la véritable identité de « Starbuck », le pseudonyme qu’il utilisait lors de ses dons de sperme.

 


David Wozniak, que la perspective de devenir père a toujours effrayé, tombe de haut. De très haut.

Mais lorsqu’il reçoit les dossiers des individus en question, il ne peur résister à la tentation de les survoler pour découvrir qui ils sont et ce qu’ils sont, il décide alors de devenir leur « ange gardien ».

C’est donc accompagné de son entourage familial, avec son papa bougon (Igor Ovadis), ses frangins qui n’hésitent pas à le railler (Marc Bélanger et Dominic Philie), mais également son entourage sentimental, avec sa compagne (Julie Le Breton), femme flic déprimée par sa grossesse, que Starbuck va essayer de s’en sortir. Mais c’est avant tout avec son meilleur ami (Antoine Bertrand), avocat miteux et père de famille approximatif, capable de sortir une phrase bientôt culte telle que « Mes enfants sont trop vieux pour que je les avorte », qu’il va réellement essayer de faire face.

 


Bilan de la soirée : un film réussi qui a su réunir toutes les contraintes liées aux thèmes de la paternité, de l’âge de raison et de l’éducation des enfants, le tout associé à cette note québécoise légère et sérieuse, drôle et touchante à la fois qui donne raison au vieil adage « la vie vaut la peine d’être vécue ». Avant d’illustrer le passage dans les mœurs de la figure du « père absent » au « père présent », ce film présente avant tout une palette assez large de jeunes amorphes, artistes, militants, sportifs, heavy, handicapés.

 


Cette réussite explique certainement que le film ait été vendu en Chine, au Japon, au Brésil, aux Etats-Unis et dans une grande majorité de pays européens. D’ailleurs et à ce titre, j’ai appris que Steven Spielberg a racheté les droits pour un remake, toujours réalisé par Ken Scott, mais avec cette fois Vince Vaughn dans le rôle principal.

 

Ken Scott, le réalisateur


En France, cependant, le succès est remis en cause. En effet, l’écrivain français Guillaume Cochin, auteur de Spermatofolie, publié en 2007 aux éditions Jean-claude Gawsewitch, accuse les auteurs du film (c’est-à-dire Martin Petit et Ken Scott) de plagiat. Dans un communiqué de presse, les éditions Jean-claude Gawsewitch ont donc fait connaître leur décision de « poursuivre pour contrefaçon les producteurs et réalisateurs du film « Starbuck ». […] L’idée centrale, à savoir l’histoire d’un homme se retrouvant père de plusieurs centaines d’enfants à la suite d’un don de sperme, est directement issu du livre de Guillaume Cochin.

 


Je suspecte à ce propos l’écrivain de s’être contenté de simplement visionner le film et de ne pas s’être informé plus que cela. En effet, en Amérique du Nord, « les lois encadrant l’achat d’une voiture d’occasion sont plus précises et sévères que celles encadrant le don de sperme. Ce constat a renforcé notre de désir de réaliser une comédie, ou plus exactement une comédie dramatique sur ce sujet. Dans les premiers jours d’écriture, nous redoutions de forcer le trait en imaginant que Starbuck était le père de 150 enfants. Et puis, en lisant les journaux, on (le réalisateur et son co-scénariste) a découvert l’histoire d’un type qui était le géniteur de 350 gamins ! Du coup, nous avons pris le parti d’exagérer encore plus et d’en attribuer 533 à notre personnage », confie le réalisateur dans une récente interview d’Olivier de Bruyn. Autre fait, qui pourrait corroborer cette thèse : dans les années 1980-90, la loi était beaucoup plus laxiste à l’égard du don de sperme ; action sérieusement remise en question aujourd’hui. Le thème du don de sperme est donc actuellement aux centres des questionnements médiatiques.

 


Mais laissons de côté l’aspect médiatique et culturel de ce film. Cette histoire est celle d’un vieil ado immature (brillamment interprété par l’humoriste Patrick Huard, façon nounours un peu paumé) au charme flottant, et de sa lente évolution en papa, grâce à l’arrivée de ses enfants qui se profilent à l’horizon comme un groupe uni, véritable entité bienveillante et réunissant une foule de qualités extraordinaires.

A découvrir avec des amis ou en famille. Je vous le conseille vivement.

 


STARBUCK : BANDE-ANNONCE VF Full HD par baryla

 

 

P. S : le titre du film fait référence au taureau canadien de race Holstein qui a produit des centaines de milliers de veaux par insémination artificielle dans les années 1980-90. 



22/08/2012
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