« L’homme qui marche » : promenades d’un rêveur solitaire
Pouvez-vous me dire qui prend encore le temps aujourd’hui de grimper à un arbre en pleine ville ? Qui observe encore les oiseaux, joue dans les flaques d’eau après la pluie ?
« L’homme qui marche » est un roman graphique entièrement dédié à des héros ordinaires et à leurs ballades muettes et solitaires la plupart du temps, et à leurs quelques rencontres avec d’autres promeneurs qui partagent avec eux, en silence, le plaisir de déambuler au hasard.
Mais en vérité, il est très difficile de chercher à résumer et à analyser en quelques mots un album aussi complexe et aussi dense que « L’homme qui marche ». Plus que le simple récit des promenades d’un héros ordinaire, cette œuvre propose une véritable réflexion sur un art de vivre, et même, un art d’être. Partageant ses découvertes avec sa femme, et tissant des liens de complicité de plus en plus fort avec le lecteur, ce promeneur semble se satisfaire de choses simples (comme de se promener à travers les rues et les paysage d’une tranquille ville de la province japonaise) et vivre dans un mélange de bonheur et de douce mélancolie. A l’image de cet « homme qui marche », Jiro Taniguchi invite son lecteur à prendre le temps d’observer ce qui se passe autour de lui et de n’en perdre aucun détail.
Cette conception d’un bonheur de la contemplation et de l’observation de la nature dans la ville par la déambulation, rejoint les pensées de J. J. Rousseau dans son ouvrage Les Rêveries du promeneur solitaire, dont je tire ici le titre de mon article. Dans ce texte qui est le dernier ouvrage de Rousseau, l’auteur considérait que la contemplation de la nature peut se faire pour le plus grand plaisir des yeux d’abord, puis pour celui du cœur avant de toucher en profondeur notre âme.
« L’homme qui marche » est selon moi une œuvre à lire, à relire et à en tirer des conseils.
Bonne lecture.
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