Coin du jour

Là-bas

Les pédales d’un vélo grincent dans la vallée. Les roues, couvertes de boue et d’aspect crasseuses, avancent péniblement sur ce chemin fait de terre et de cailloux. Soudain le vélo s’arrête. Le cycliste, un homme à la moustache bouffante, pose son vélo contre un gros rocher. Paul est son nom. Paul a 27 ans, il est célibataire et il risque de le rester très longtemps. Là-bas, derrière lui, il y a un petit village en contrebas. Confortablement installé dans un coin d’herbe, Paul sort un cahier à dessin de son sac. Armé de son stylo, - noir -, il esquisse une reproduction du petit village.

Dès qu’il a fini, il inscrit en gros caractère au-dessus du dessin le mot « Nobody ». Sur la page de gauche, on peut voir de nombreux autres « Nobody », au-dessus d’autres esquisses de villages. Paul respire tendrement l’air serein l’air sain et pur de la campagne. Il prend un brin d’herbe, le hume, puis le mâchouille. En onze mois, il n’a trouvé personne, pas âme qui vive, sur l’ensemble des 400 km déjà parcourus. Il espère que cette situation changera. Peut-être sera-ce là-bas, dans ce village perché sur les collines. Qui sait ?

Paul reprend son vélo, pédale. Quatre heures plus tard, il est arrivé. Enfin. Il descend de son vélo, sort sa gourde, et boit une gorgée. Une fois désaltéré, il se dirige vers une fontaine pour remplir sa gourde. Plus tard, il commencera son inspection. Vu qu’il ne trouvera personne, il se mettra à chercher de ola nourriture, cassera certains murs, défoncera quelques frigos. De toute façon, il a le temps. En plus, il a déjà pensé à préparer un dessin du village dans son cahier à reliure en cuir.

Vroumm, vroum.

Paul relève la tête. Un bruit de moteur. Là ; dans la montée, à une centaine de mètres. Paul lâche sa gourde, attrape précipitamment son vélo. Il fonce jusqu’à la source du bruit interrompu. Cela provient d’une vulgaire décapotable jaune. Sur le siège arrière trône une photo, sur laquelle on voit une jolie brune typée asiatique, enserrant un gros chien blanc.

Paul n’est plus seul. Là, une fenêtre. Paul se jette dessus et se colle tout contre. A l’intérieur de la maison, une fine silhouette en pleurs vu de dos, s’avance dans un rai de lumière ; une silhouette que Paul identifie facilement comme étant celle de la jolie brune sur la photo.

Sois heureux Paul : fini le célibat, bonjour la vie en couple !

La grande stature de l’homme à la moustache bouffante s’élance dans l’allée dallée de la grande maison. Il y ouvre le portail de bois rougeoyant. Il va toquer à la porte.

Un coup de feu retentissant arrête son geste. Quasi désespéré et même déçu, Paul sort son cahier, saisit distraitement son stylo et à côté d’une esquisse de village, inscrit en toute lettre « Nobody ».

Encore seul….



25/11/2012
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